«Le grand récit-Introduction à l’histoire de notre temps» de Johann Chapoutot

En 2020, Johann Chapoutot publiait un livre-choc « Libres d’obéir » .

Selon l’auteur, le nazisme a produit des théories managériales qui constituent, quatre-vingt ans plus tard, l’une des matrices du management contemporain.

Le vocabulaire utilisé à une époque n’est pas neutre

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Sorbonne , spécialiste de l’Allemagne nazie, il a une passion pour le passé. En cinquième, un professeur formidable le convainc d’être enseignant. Il lui montre que l’histoire, qui peut sembler être une science abrupte, brutale même, est avant tout une joie de l’esprit. Selon lui, être historien, c’est d’abord apprendre à lire. À lire une langue, à déchiffrer un monde. Donc, contrairement aux idées reçues, l’histoire n’est pas qu’une affaire de dates, elle est aussi affaire de mots. Johann Chapoutot, nous fait entrer dans l’histoire. Déjà Noam Chomsky et Victor Klemperer avaient illustré avec force l’impact du vocabulaire utilisé.

Un historien, ça sert à quoi ?

A lire et à vivre le temps. A être libre en somme. L’histoire, c’est ça. Un sujet de spécialisation, intelligemment travaillé, n’est pas un enfermement mais, au contraire, une ouverture.

Le complotisme est une manière de faire de la religion sans Dieu

Aujourd’hui, on voit apparaître de nouvelles croyances, comme le complotisme qu’il faut prendre au sérieux, «  de même qu’on a eu tort de ne pas prendre au sérieux les propositions des fascistes, des nazis, des staliniens ». Le complotisme est une manière de faire de la religion sans Dieu : c’est tout expliquer par une force obscure, et tous ceux qui passent pour être des êtres maléfiques».

Il y a aussi le déclinisme, le “c’était mieux avant”

C’était mieux avant »… et ça fait 2 000 ans que ça dure ! disait michel Serres. « Ça marche parce qu’il y a des traumatismes sociaux massifs : la mondialisation, la désindustrialisation, la pandémie… Il y a un besoin de se recroqueviller vers quelque chose d’idéalisé qui aurait été mieux avant. C’est une vieille tradition, qu’on peut mettre en perspective avec la tradition romaine : au premier siècle de notre ère,  tous les historiens romains disaient que c’était mieux avant et que Rome était en train de se déglinguer !» L’histoire est ainsi un éternel recommencement. Le concept de «l’éternel retour» est central dans la philosophie de Friedrich Nietzsche.

Presses Universitaires de France- 29 Septembre 2021

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