« Histoire des préjugés » de Jeanne Guerout et Xavier Mauduit

Le préjugé fausse la communication. C’est un livre qui déconstruit les préjugés. 

Les préjugés se définissent comme des opinions préconçues et mal fondées. La majorité d’entre eux stigmatisent des groupes humains : les peuples, les nations, les femmes, les gros, les roux, les riches, les pauvres, les artistes, les intellectuels, les noirs, les gauchers, les Français…Les auteurs font appel à des scientifiques, historiens, .. pour déjouer ces préjugés. Les lignes ci-dessous s’inspirent de passages d’une récente émission de France Inter.

Une cinquantaine de préjugés étudiés

“Plus que jamais actifs à l’heure du complotisme, des réseaux sociaux, des fake-news et de la flambée mondiale des populismes”, ils  expriment un sentiment de supériorité ou un complexe d’infériorité d’un groupe envers un autre. Rien ni personne n’est à l’abri de ces jugements, pas même les animaux, les couleurs, les aliments ou les arts. Les préjugés “arrivent à s’adapter à l’environnement” et “traversent des millénaires”. “Le nombre de morts en raison des préjugés est incalculable”, rappelle Xavier Mauduit. “Ils font des victimes, au niveau des individus qui en souffrent au quotidien, et au niveau de communautés entières.” Quelques exemples des préjugés traités dans l’ouvrage.

Les Gaulois sont-ils râleurs et bagarreurs ?

C’est une invention historique absolue.  Ils sont bagarreurs, comme dans “La guerre des Gaules”, ouvrage de référence pour cette époque. Au XIXe siècle, on transforme cette image parce qu’il faut la rendre positive (Astérix va en rajouter une couche). À noter que les Gaulois ont créé des sociétés urbaines, extrêmement structurées, qui étaient souvent en contact avec les Romains pour les échanges.

Les Russes ont-ils besoin d’un homme à poigne ?

Autrement dit, cela voudrait dire que les Russes ne sont pas faits pour la démocratie. On va retrouver cette idée au XIXe siècle et l’histoire même de ce pays le montre: le pouvoir tsariste abolit le servage extrêmement tardivement, en 1861.
Au moment où le tsarisme est renversé, très vite, il va y avoir un nouveau pouvoir qui va dominer, c’est la suite de la dictature du prolétariat. Le bolchevisme et ses dérives conduisent au stalinisme. La chute de l’URSS est un nouvel espoir et finalement, c’est Poutine qui arrive au pouvoir. Avoir ce préjugé sur les russes., c’est mettre de côté tous ceux qui ont essayé de lutter contre un pouvoir fort, comme Gorbatchev. Ce préjugé vaut pour tout le monde d’ailleurs. »

Les écologistes sont-ils contre le progrès ?

C’est un argument politique qu’on entend très souvent. L’idée, c’est d’abord de définir l’écologie, à savoir le rapport de l’humain à son environnement. Dans ce chapitre, on comprend que c’est la définition du progrès qui pose problème. Ce préjugé remonte au début du capitalisme et de l’industrialisation, où un certain progrès a été mis en avant. Et la prise de conscience, très ancienne, des menaces faites à l’environnement a été mise de côté. Parce qu’elle va être un frein et donc, être contre le progrès. »

Les femmes sont-elles hystériques ?

Pour ce préjugé, retour à ses sources : les hommes ne peuvent pas être hystériques, parce qu’ils n’ont pas d’utérus. Seules celles qui en ont un peuvent l’être. Nous avons une conception du corps féminin qui remonte à l’Antiquité avec Hippocrate et la théorie des humeurs : les femmes sont molles et liquides et les hommes sont secs et solides. Et dans cette théorie, vous avez toute une construction qui s’étend sur le temps long, où les femmes pleurent.
Dans cette lecture de domination, l’argument que, par nature même la femme mérite d’être dominée, explique aussi l’histoire complète des femmes jusqu’à aujourd’hui. »

Editions les Arènes 2023

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