« Face aux animaux » de Laurent Bègue-Shankland
Plus on étudie les animaux , plus on les comprend et l'on mesure leur importance pour nous.
En France aujourd’hui, on compte 13 millions de poissons, 14 millions de chats et 8 millions de chiens. Rappelons-nous l’importance des animaux comme ressources : jadis pour la traction animale, utilisés pendant les guerres, cobayes de laboratoires, aliments, sacrifiés pour la réalisation de films ou d’attractions les plus diverses.
J’ai le privilège de connaître l’auteur depuis longtemps et l’ai revu récemment lors de la présentation de ce livre qui évoque nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences face aux animaux. Heureusement, depuis des années, la condition animale est prise en compte : relisions Mathieu Ricard, Yolaine de la Bigne, Peter Wohlleben,Emmanuelle Pouydebat,…
Ce livre remarquable est étayé par une extraordinaire bibliographie qui illustre un beau travail d’analyse des interactions homme/ animal.
Notre vie est liée aux animaux
C’est l’histoire du lien très particulier que nous entretenons avec les animaux qui nous est contée dans ce livre. Depuis l’origine, ils nous fascinent et nous terrorisent à la fois. Ils ont occupé une place centrale dans les civilisations passées et jouent, aujourd’hui encore, un rôle fondamental auprès des humains. Beaucoup investissent en eux toute leur affection, toutes leurs émotions.
C’est une fresque de nos relations avec les animaux, nourrie des connaissances les plus récentes.
L’auteur évoque l’expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité dans la laquelle des hommes et des femmes sont amenés à porter atteinte à un animal de laboratoire. Dans cette expérience, l’auteur utilise un robot et non un vrai animal. Mais les comportements des humains sont identiques et l’empathie envers les animaux diminue. Ce livre est aussi une plongée saisissante au coeur de nos relations affectives avec les animaux. Comme l’a écrit Milan Kundera, le véritable test moral de l’humanité est lié à nos relations aux animaux. L’évolution de la législation française depuis 2015 va dans le sens de la reconnaissance du bien-être animal.
Notre époque est ambivalente
Nous consommons une quantité astronomique de poulets à croissance rapide, nous avons inventé les chats hypoallergéniques, les lapins fluorescents et les vaches à hublot. Et dans le même temps, notre génération a surpassé toutes les autres par sa compréhension du monde animal.
Odile Jacob – Mars 2022