Discours allemand retentissant en 1985

Frank-Walter Steinmeier, président allemand, réélu en 2022, au Bundestag, a promis de se battre pour la démocratie tout en reprochant à la Russie de menacer l'Europe d'un conflit armé en Ukraine. Un discours en 1985 a marqué les mémoires.

Le 8 Mai 1985, célèbre discours prononcé par M. Richard von Weizsäcker, Président allemand, à l’occasion du 40è anniversaire de la capitulation de l’Allemagne.

Il a été le premier chef d’État allemand à faire du 8 mai 1945, date de la capitulation du régime nazi, une journée devant être considérée et célébrée comme celle de la libération de l’Allemagne et des Allemands du système hitlérien. Ce discours, qui a marqué une rupture profonde avec la perception qui prédominait dans l’Allemagne de l’après-guerre, lui a valu une grande reconnaissance en Allemagne et en Europe.

Quelques lignes de son discours

Bon nombre de peuples commémorent aujourd’hui le jour où la Seconde Guerre mondiale prit fin en Europe. Selon la destinée qui a été la sienne, chaque peuple éprouve des sentiments qui lui sont propres. Victoire ou défaite, libération de l’injustice et de la domination étrangère ou passage à un nouvel état de dépendance, division, nouvelles alliances, énormes déplacements des centres de force – le 8 mai 1945 est une date qui revêt une importance historique décisive en Europe. En ce qui nous concerne nous, Allemands, nous célébrons ce jour entre nous, et cela s’impose. Les critères, nous devons les trouver tout seuls. Que nous ménagions nos sentiments nous mêmes ou que d’autres le fassent ne nous avance à rien. Ce qu’il nous faut et qui nous est donné, c’est la force de voir la vérité en face dans toute la mesure du possible, sans l’enjoliver ni la considérer partialement.

Il reconnait la responsabilité de l’Allemagne

Pour nous, le 8 mai est surtout un jour où nous nous souvenons des souffrances qu’ont dû subir les hommes. C’est également un jour de réflexion sur le cours de notre histoire. Plus nous abordons ce jour avec franchise et plus notre liberté est grande d’en assumer les conséquences. Pour nous, Allemands, le 8 mai n’est pas un jour de fête. Ceux qui ont vécu cette journée en toute lucidité se souviennent de moments tout à fait personnels et par là très différents les uns des autres. Ce jour là, certains rentraient au pays, d’autres perdaient leur patrie. Ce jour là, certains étaient libérés, d’autres faits prisonniers. Nombreux ceux qui étaient tout simplement reconnaissants que les nuits de bombardement et la peur prennent fin et qu’ils en sortent vivants. D’autres ressentaient une grande douleur devant la défaite totale de leur propre patrie. Certains Allemands étaient remplis d’amertume face à des illusions détruites, d’autres remplis de reconnaissance pour le nouveau départ qui leur était donné.